18 Mars 2017

Pourquoi nous avons besoin de l’Union européenne et d’une nouvelle vision de l’Europe

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Pourquoi nous avons besoin de l’Union européenne et d’une nouvelle vision de l’Europe par Nicole Fondeneige et Emmanuel Petel, membres du bureau de Français de Belgique – ADFE

 

Si 1917 fut une année qui « ébranla le monde », année des occasions perdues de faire la paix, où l’Europe est sortie affaiblie pour longtemps et « grosse de nouveaux conflits » (1), comment les historiens qualifieront-ils 2017, année électorale majeure pour l’Europe – élections présidentielles et législatives en France, élections législatives aux Pays-Bas, en Allemagne, élections en Hongrie et en République tchèque…- qui fêtera les 60 ans de son traité fondateur (Traité de Rome 1957) et risque à nouveau sa survie, ou à tout le moins de sortir affaiblie pour longtemps des crises qu’elle traverse, voire de se laisser entraîner dans des nouveaux conflits ? La page pourrait-elle se refermer après ces 70 ans de paix sur notre continent ?

 

La déclaration Schuman du 9 mai 1950 a initié la « méthode communautaire » caractérisée par des « transferts de souveraineté » dans des domaines où il était plus efficace, et garant de paix pour les pays européens, de travailler ensemble plutôt qu’au niveau national. Ces institutions constituaient  l’embryon « d’une Fédération européenne indispensable à la préservation de la paix ». 

 

En 1919, Paul Valéry, écrivait que les Européens de l’Ouest prennent conscience du risque que l’Europe, ne devienne « un petit cap du continent asiatique » (2). En 2017, les USA se retirent de l’OTAN et demandent aux pays européens d’assurer eux-mêmes leur protection, la Russie veut renouer avec son passé impérial, la Turquie rêve de la puissance ottomane. Aucun de ces 3 pays, pas plus que la Chine ou les grands pays émergents qui seront dominants en terme de population en 2050, n’est porteur des valeurs qui font « le modèle européen » alliant efficacité économique, cohésion sociale, respect de l’environnement combinés dans un cadre démocratique.

 

Comme un groupe de 28 personnes qui seraient au milieu du gué sous forte tempête (l’un ayant déjà décidé de retourner en arrière), les pays européens doivent voir d’où ils viennent et avoir la vision de là où ils veulent aller dans 100 ans. Il n’y aura pas de retour vers un passé mythique où les pays coloniaux se partageaient le monde et vivaient sur les richesses de pays exploités, ou même un passé de l’après guerre s’ouvrant sur un boom économique sans précédent dans un contexte où les ressources primaires (énergies , eau, qualité de l’air) semblaient infinies.

 

Pour cela, l’Union européenne doit exister politiquement, renforcer sa cohésion, être facteur du maintien de la paix car l’échelle européenne est plus pertinente sur la scène internationale que chacun des États pris isolément.

 

La question européenne prend une place importante dans le débat national, mais au lieu de nous demander pourquoi nous avons besoin de l’Union européenne, celle-ci est trop souvent brandie comme un bouc- émissaire permettant d’évacuer à bon compte les responsabilités nationales.

 

Si l’’Europe a connu de  nombreux  succès –  politique agricole commune, marché unique, libre circulation des personnes et des capitaux – toutefois, de nombreuses failles persistent :  absence d’harmonisation fiscales et de droits sociaux.

 

Alors que nous fêtons ce soixantième anniversaire du traité de Rome, l’aventure Europe, sans cap, ne semble plus attractive et comprise par les citoyens.

 

« une politique qui réussit est celle qui change le monde auquel elle s’applique. Et si ce monde a changé, il faut que cette politique change »  (Edgard Pisani, « persiste et signe », 1992, Odile Jacob »

 

« Face aux menaces sécuritaires, mais aussi face au changement climatique, à la dépendance énergétique, à la finance folle ou aux migrations incontrôlées, les solutions strictement nationales sont inopérantes. Au contraire, sur ces thèmes, nous avons des préoccupations, des intérêts et un avenir communs avec les autres Européens. »  (3)

 

300 personnalités lancent un appel pour relancer l’intégration européenne ; ils invitent la société civile à participer à une « marche pour l’Europe » le 25 mars prochain à Rome.

http://www.marchforeurope2017.eu/fr/participate/

 

À l’occasion du soixantième anniversaire des traités de Rome – après le sommet européen de Bratislava (le 16 septembre 2016), et le sommet de Malte (3 février 2017) – Ces  personnalités  enjoignent aux chefs d’États et de gouvernements européens de fusionner leur vision avec celle des fondateurs de l’UE, et « d’exploiter immédiatement » tous les instruments du traité de Lisbonne afin de renforcer les politiques et les institutions européennes, surtout en matière d’affaires étrangères, sociales, sécuritaires et économiques.

Dans un livre blanc publié le 1er mars, Jean-Claude Juncker a présenté cinq manières de surmonter les défis auxquels l’Europe se trouve confrontée au lendemain de la décision du Royaume-Uni de quitter l’UE.

S’appuyant sur le rapport des cinq présidents (5), ce texte présente cinq « scénarios »  qui vont du « statu quo » aux ambitions les plus intégratrices, en passant par une Europe à géométrie variable, en fonction de ce que les Etats, et les peuples, seront prêts à déléguer comme domaines de souveraineté. (6)    

Cinq « documents de réflexion » suivront jusqu’au Conseil européen de décembre 2017 : sur la dimension sociale de l’Europe, la maîtrise de la mondialisation, l’approfondissement de l’Union économique et monétaire, l’avenir de l’Europe de la défense, l’avenir des finances de l’UE.

 

Quelle « nouvelle vision » de l’Europe sortira de l’année 2017, après la déclaration de Rome et les élections à venir, les citoyens choisiront-ils de rester « unis dans la diversité » ?

 

Nicole Fondeneige et Emmanuel Petel , membres du bureau de Français de Belgique-ADFE

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(1) Référence à un article d’Alter Eco n° 364 de janvier 2017 p. 110-111

(2) Paul Valéry, La crise de l’esprit, 1919  www.robert-schuman.eu/fr/doc/divers/Declaration_du_9_mai_1950.pdf

(3) pourquoi avons-nous besoin de l’Union européenne ?

https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/0211456759130-europe-et-presidentielle-pour-le-meilleur-ou-pour-le-pire-2053265.php

(4) 300 personnalités lancent un appel pour relancer l’intégration européenne « marche pour l’Europe ».

(5) Les cinq présidents – le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avec le président du Conseil, Donald Tusk, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, et le président du Parlement européen, Martin Schulz – (22 juin 2015)

http://europa.eu/rapid/press-release_IP-15-5240_fr.htm

(6) La Commission façonne sa nouvelle vision de l’Europe pour fin 2017 http://www.euractiv.fr/section/politique/news/commission-postpones-new-vision-for-europe-until-december/
https://europa.eu/european-union/sites/europaeu/files/whitepaper-future-of-europe_fr.pdf